Quelques méthodes de la critique des textes

Liste des méthodes présentées par Boismard et Lamouille dans leur livre d'initiation à la critique du Nouveau Testament :

  1. les anomalies : certaines incohérences du récit évangéliques sont une trace de l’activité de rédaction : les évangélistes n’étaient pas plus idiots que nous, et si ils nous montrent un homme qui continue à parler alors qu’il est déjà parti, c’est qu’en fait son départ et son discours appartiennent à deux rédaction différentes, rédactions qui ont été fusionnées ensuite.

  2. les gloses d’un texte : ce sont les surcharges ponctuelles qu’un rédacteur, un éditeur ou un copiste a ajouté dans le texte, par exemple pour lui faire dire le contraire de ce qu’il dit lorsque la version d’origine ne lui convenait pas.

  3. la reprise : lorsqu’il introduit une digression, le rédacteur se raccroche ensuite au thème principal en rappelant la situation ou l’action qui avait lieu au moment où il a introduit sa digression. Cette répétition est nommée " reprise ". La détecter est très utile, car les deux termes de la répétition encadre le morceau inséré.

  4. la rupture d’un texte homogène : si en supprimant quelques morceaux on a l’impression de rétablir une unité littéraire, alors il y a de fortes chance pour que les morceaux soient des pièces rapportées qui ont été insérées dans un texte préexistant.

  5. les doublets : lorsque deux histoires se retrouvent presque identiques dans le même document, on est en droit de penser qu’ils proviennent de deux traditions différentes qui remontent à une même source. Le rédacteur a conserver les deux versions, soit qu’il n’ait pas compris que les deux histoires ressortissaient au même événement, soit qu’il n’ait pas voulu choisir une des deux version contre l’autre, et qu’il ait fait place aux deux.

  6. vocabulaire et style : chaque rédacteur a son style propre. La présence de telle tournure de phrase, de tel verbe gouverné par telle préposition constitue un indice de paternité de tel rédacteur sur le texte.

  7. théologie différente : les oppositions théologiques ne peuvent pas venir de la plume d’un seul écrivain, en particulier lorsque cet auteur présente une théologie affirmée et bien structurée. Les variations de théologies signent donc les différentes rédactions que le texte a pu connaître.

  8. La critique textuelle : la critique textuelle est l’établissement d’un texte à partir des différents manuscrits que nous possédons. Certains manuscrits ultra minoritaires, rejetés ordinairement par les exégètes, peuvent soit se révéler la source d’une version antérieure de l’évangile, soit traduire l’embarras d’un copiste face à une incohérence du texte, incohérence introduite par les rédacteurs successifs (cf. le point no 1)

 
     
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