Le Cercle Zététique et le mythisme
Le Cercle Zététique est une association dont l'objectif est de défendre et de
populariser les vertus de l'esprit critique. Son objet principal est
la réfutation des pseudo-sciences, ces
disciplines qui se
targuent de méthodes scientifiques et habillent leurs chimères
d'un vocabulaire technicisé pour se donner une parure de
sérieux. Le CZ, au côté d'autres organisations
plus importantes telle que l'AFIS (Association Française pour
l'Information Scientifique) débusque et dénonce les
fraudes, les truquages et les manipulations.
Par ailleurs, sur son site Web, le CZ
s'aventure sur le terrain historique en présentant un dossier
intitulé les fausses histoires de l'Histoire. Ce
dossier est constitué de divers articles qui abordent quelques
énigmes ou impostures historiques. On y trouvera un mélange
d'authentiques mystères non-résolus, comme l'assassinat
de Kennedy, et de dénonciations de mystifications historiques
d'hier ou d'aujourd'hui, comme le protocole des sages de Sion ou
l'histoire de la papesse Jeanne.
L'un de ces articles, intitulé
"Jésus : info ou intox ?", affirme
que l'existence de Jésus que tous les historiens tiennent pour
certaine -autant qu'une certitude puisse être acquise en
histoire- ne repose en réalité sur aucune base solide.
Sans se prononcer explicitement, le CZ veut réhabiliter la
thèse mythiste.
Le CZ propose une exploration des
différents arguments que l'on peut opposer à l'existence
historique de Jésus. L'article examine d'abord les documents
dont nous disposons pour écrire l'histoire de Jésus :
la première partie, s'intéressent aux documents païens
et juifs, dont on nous dit qu'ils brillent plutôt par leur
absence. La seconde partie présente la documentation
chrétienne elle-même, c'est-à-dire
essentiellement les évangiles, dont la fiabilité est
démontée.
La troisième et la quatrième
partie s'intéressent plus particulièrement à
deux épisodes célèbres de la vie de Jésus
telle qu'elle est racontée dans les évangiles : la
naissance (que les chrétiens commémorent à Noël)
et la passion (c'est à dire les derniers jours de Jésus,
son exécution et sa résurrection, qui correspondent à
la fête de Pâques). L'objectif de cette critique est de
montrer que les évangiles ne sont qu'un patchwork de mythes
païens et de prophéties juives qui ne renferment aucun
renseignement historique utilisable.
La démonstration semble sérieuse
au premier abord, mais les conclusions auxquelles elle mène
sont assez surprenantes : ainsi donc cette histoire de Jésus
pourrait n'être qu'une vaste supercherie ? Ainsi donc la
communauté des historiens serait-elle complice -volontaire ou
involontaire- d'un grossier maquillage qui dure depuis 2000 ans ?
Avant de prendre cette histoire pour argent comptant, le lecteur est
en droit d'aller y voir de plus près. Or plusieurs détails
vont susciter sa méfiance.
Nous passerons rapidement sur l'absence
totale de références bibliographiques puisque l'auteur
s'en explique en introduction : les références ont
été omises pour faciliter la lecture. Retenons
simplement que par là même, nous n'avons pas affaire à
une monographie, ni même à une introduction à la
question. Pour l'une comme pour l'autre, une bibliographie aurait été
nécessaire. Ici, si nous souhaitons contrôler les
affirmations qu'on nous donne, ou simplement nous renseigner plus à
fond sur un point abordé dans l'article, le CZ nous invite à
nous reporter à ses publications sur papiers. Plutôt
qu'à un article de fond ou à une introduction au
problème, c'est donc à une promenade cultivée
que nous sommes conviés.
Mais il y a des détails dans le
parcours qui ne collent pas, des dates décalées par
exemple, ou des affirmations dont la vérification s'avère
difficile, et certaines étapes du raisonnement semblent
dangereusement mouvantes. Le lecteur qui cherche à assurer ses
pas finit par se demander si la promenade n'est pas nautique :
le CZ n'est-il pas en train de le mener en bateau ? Ensemble,
faisons le point...
Nous allons examiner successivement l'introduction et les quatre parties dont est constitué l'article du CZ :
Nous ne mènerons pas une
critique linéaire, mais essayerons d'extraire dans chaque
partie les articulations principales de la démonstration du
CZ. Cette démarche nous conduit à laisser de côté
certaines critiques que nous ajoutons parfois en annexe de chaque
partie. En annexe de chaque partie aussi, quelques éléments
de bibliographie commentés. Les principales références
se trouvent aussi dans la bibliographie générale ou
sur la page de lien.
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